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Pavillon du Mur du Fond maquillé en poste de transformation électrique haute tension |
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Signalétique standard du transformateur |
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Dernier rendez-vous du Mur du Fond avec l'équipe de l'association A l'échelle2 et les publics. Une proposition s’articulant en deux temps autour de l'installation et de la performance. En premier, présentation d'un dispositif In situ, mettant en porte-à-faux des indices de la peinture monochrome et ceux de la sculpture minimaliste. En second, réalisation d'un chantier de fouille archéologique à la verticale, et production d'une série de peintures processuelles et d'une sérigraphie.
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RP (250) Poste (détail), volet à persiennes du pavillon, peinture acrylique en RAL 6003 dit "vert lierre" et signalétique ancienne de transformateur |
Suivant le postulat des différents éléments présentés, c'est par le croisement de la norme d'un code couleur et celui de l'emplacement géographique d'un mobilier urbain, que les choses ont été mise en branle. Ici une armoire électrique maquillée en poste de transformation électrique haute tension, par un ton sur ton - Et là une spatialisation, avec un algéco devenant sculpture, dans l’image du dédoublement de son volume intérieur, par un collage chromé. Représentation d'une forme ou forme de présentation.
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Numbers in colors (détail), Jasper Johns, 1958-1959, 168.9 x 125.7 cm, Collection Albright-Knox Art Gallery, Buffalo, New York, peinture à l’encaustique et papier journal collé sur toile |
Mon geste à rebours* a été celui de donner une plus-value esthétique, par schéma interposé des médiums, à des éléments éparses se combinant dans un scénario. Un tuning soigné, pareil à celui pratiqué à la campagne et en périphérie sur des voitures. Réaction à un moment privé de sens, déploiement d'énergie pour faire swinguer les choses dans une langue heureuse*. Ma proposition consistait par mimétisme à recouvrir à la verticale et, découvrir à l’horizontal deux petites architectures quelconques. En ayant pour visée le transfert d’une gamme dite moyenne à «clivante», pour donner plus d’envergure à l’aplat et de profondeur au volume.
Dans les années 1990, pourquoi pas, le rehaussement d’une Renault Super5 C en Super5 GT Turbo. Un masquage des apparences par contraste, une esthétique de la spéculation. Une bande rouge adhésive en bas de caisse, des sièges baquets, un volant et un pommeau sport, un pot d’échappement modifié, un béquet et des jantes 15 pouces. Accentuer la vélocité d'un modèle fantasmé, se rapprocher au plus près de l'idéal. Mais en conservant un moteur d’origine, partie boiteuse et maléfique de l'édifice ou tragédie de cette réalité qui ne peut être sublimer. A l'image d'Icare, dont les ailes de cire ont été modelé par Dédale, ingénieur du labyrinthe, son géniteur et le génitif de la chute.
La proposition du Mur du Fond #50 vient s’inscrire en négatif des quarante-neuf éditions précédentes. Il est question d’une contingence de la forme. Un non-évènement avec une non-peinture, une sculpture réflexive. Mais aussi dans cette idée isolée, c'était se soustraire aux 49 propositions qui l'ont précédé. Donner en retour un socle. Rendre visible l’anti-théâtralité*, inversion de ce qui fait habituellement événement dans sa forme banalisée, une esthétisation de la politique au sens large, jeu du spectaculaire diffus* dans sa forme accomplie.
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Cady Noland, Oozewald, 1989, silkscreen on aluminium, US flag and miscellaneous metal, 183 × 97 × 1 cm. Courtesy: © Cady Noland; Glenstone Museum, Potomac, Maryland |
Mais pour sembler plus chanceux en peinture qu’en sculpture, la proposition offrait dans l’interstice de ses deux parties un nouveau cadre, un espace opératoire enfoui. Aussi le pavillon du transformateur électrique (vert sur vert) avec sa norme signalétique, et l’intérieur de la cabane de chantier (gris sur gris) constituaient ce cadre, et un champ visuel à découvrir au-delà.
Et la seconde partie performative proposait cette mince ouverture, en
suivant ce cadre abscons. L’infrastructure du chantier de fouille était
bien là. Sonder le Mur du Fond ou aller chercher le fond du
mur. La matière stratifiée avait été apprêté par dix ans de recouvrements, il lui restait pour être extrait, un détourage par un dessin, inspiré du
carroyage de l’archéologue Georges Laplace. De là quarante-neuf carrés ont été transposé
sur le mur de couleur verte du pavillon, en référence aux quarante-neuf
éditions précédentes. Leur format de 20 x 20 cm est la hauteur de l’assise des
parpaings du mur par elle-même. Centré sur le mur, l’ensemble permettait l’ouverture
d’un champ du décoratif, d’un contenu anti-ornemental avec son langage
propre, circonscrit dans une suite type process painting.
Entre 2013 et 2023 ont eu lieu une série d’évènements
performatifs, sous la forme de rencontre entre des publics et une création de
peinture et d’art graphique urbain, du tag au lettrage monumental en passant
par la fresque. L’enjeu central, le défi, est à la fois un support et un monument
temporaire à remodeler : un pavillon rectangulaire à une porte, avec un
toit à une pente, et dont la fonction initiale est d’abriter une armoire électrique.
Ses dimensions sont de 13 x 4 x 4 m. Durant cette décennie, pas moins de
soixante-quinze artistes ont été invité, sur deux formats : à la journée ou sur
vingt-quatre heures en continu.
Le principe de cette rencontre s’appuie sur une réalisation
en temps réel où, l’ensemble de la forme proposée se modèle à la vue du regardeur. Mais si l’auteur de la performance a accepté de
s’exprimer dans ce cadre et, devant tout le monde, et les publics d’accueillir
sa prestation, c’est en effaçant le message de la proposition qui l’a précédé
et que l’on ne verra plus.
Avec le temps, le support du pavillon a donné naissance à une stratification de couches laissée par les recouvrements de peinture. En substance c’est un langage de communion, une image plasmique*, résonnance mystérieuse de symboles et d'expressions mixes. Passage de la naissance de la forme à la cristallisation de l’œuvre sur une ligne esthétique jouant du potlatch.
* " ... It is now a widespread notion that primitive art is abstract... An examination of primitive cultures, however, shows that many traditions were realistic... In primitive tribes distortion was used as a device whereby the artist could create symbols. It is also very important to try to draw a sharp line between art and the decorative arts... In primitive tribes this separation was well-defined... "
Quotes of Barnett Newman from his text The Plasmic Image, 1943-1945; republished in: Barnett Newman, John Philip O'Neill (1992), Barnett Newman: Selected Writings and Interviews. p. 138-155
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LM - SP Algéco, sculpture réflexive, vues intérieures / extérieures |
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